Généralités

c) La déontologie dans les textes – le 26 septembre 1988 –

Pierre Bérégovoy vient d’homologuer une nouvelle partie du règlement général du conseil des Bourses de valeurs, celle qui traite des dispositions d’ordre déontologique. Le texte publié dimanche au Journal Officiel fixe une sorte de programme minimum pour les charges et la société des Bourses françaises. Il devra servir de cadre pour l’élaboration d’un code de conduite interne dans chacune des sociétés de Bourse. La principale nouveauté est sans doute que ces règles soient pour la première fois formalisées. Ce qui va sans dire – « diligence, loyauté, neutralité et impartialité des intermédiaires «  /…/ En outre, « les personnes chargées d’une fonction de négociation ne peuvent opérer pour leur compte propre sur les valeurs dont elles ont la responsabilité ». Le même genre de dispositif s’applique à la S.B.F. pour les personnes chargées d’une fonction de cotation ou de surveillance./…/. Enfin un article stipule que tout ordre doit pouvoir être suivi et vérifié du début à la fin de la chaîne (heures d’arrivée, d’exécution), une précision dont se félicite la C.O.B.

Conséquence directe du krach, un renforcement des garanties minimales de couverture des opérations de Bourse (20% du montant) peut désormais être exigé par les donneurs d’ordre. /…/ Toutes ces dispositions répondent au même objectif : faire de la Bourse de Paris une place internationale. Il s’agit de garantir la sécurité du marché (ratios prudentiels, reconstitution des fonds propres de la S.B.F…) et aussi celle de la clientèle (déontologie). /…/.

d) Les agents de change perdent leur banquier

Depuis un siècle, la chambre syndicale des agents de change est le banquier des charges ; de l’octroi de crédit à la gestion de trésorerie en passant par la centralisation des coupons à distribuer, elle en assume toutes les tâches. Un budget commun, alimenté par des cotisations proportionnelles aux chiffres d’affaires de chaque charge fixées tous les ans en assemblée générale, finance l’ensemble de ces services. Mais à compter du 1er Janvier 1989, celle qui est devenue entre temps la S.B.F. pourrait renoncer à cette mission.

/…/« … Etant donné les structures particulières de l’ex chambre, les agents étaient copropriétaires d’un bien commun, la Bourse. De même le personnel de l’ex chambre pouvait être considéré comme une extension du personnel de chaque charge. Avec les modifications intervenues, nous arrivons à des structures plus normales : des sociétés de Bourse actionnaires de la S.B.F. qui sera surtout chargée de faire fonctionner la Bourse harmonieusement «  explique un agent. /…/

e) Trop de changements

 Le krach de 1987 a été suivi d’une réorganisation complète de la Bourse qu’on a appelée non sans raison le « big bang ». Les agents de Change ont disparu faisant appels aux Sociétés de Bourse. Nombreuses sont celles qui victimes des séquelles du krach ont fait faillite, suscitant l’inquiétude de nombreux épargnants. La plupart de celle qui restent ont été rachetées par des banques ou des compagnies d’assurances. L’ancienne Compagnie des Agents de Change, emportée elle aussi dans la tourmente, a fait place à la S.B.F. et au C.B.V. où les grandes institutions financières sont représentées. Ce bouleversement a déconcerté plus d’un petit porteur qui ne retrouvait plus ses interlocuteurs habituels.

Dans le même temps, les règles de fonctionnement du marché ont été totalement modifiées avec l’instauration du système C.A.C. de cotation en continu./…/ Fini les gestes , les cris, la vie de la Bourse.

A l’animation des marchés avait succédé le monde des ordinateurs. Mais surtout, il devenait difficile, pour le petit actionnaire, à moins d’avoir le nez collé sur un écran toute la journée, de savoir à quel cours était (ou n’était pas) exécuté l’ordre qu’il avait passé.

f) Exit les petits porteurs

Face à ces changements menés à un rythme d’enfer au nom d’une modernisation présentée comme indispensable, les petits porteurs, totalement désorientés, arrivaient de moins en moins à suivre et beaucoup abandonnait la gestion individuelle pour se tourner vers les S.I.C.A.V. et les F.C.P.

Parallèlement, les tarifs de courtage des sociétés de Bourse furent considérablement augmentés pour les particuliers, notamment pour les petits ordres, alors qu’ils étaient abaissés pour les investisseurs institutionnels. Du côté des banques désormais maîtresses du jeu (puisqu’elles contrôlent 90% des sociétés de Bourse) ce fut le forcing pour canaliser l’épargne des particuliers vers les O.P.C.V.M. (organismes de placements collectifs en valeurs mobilières), c’est à dire vers les S.I.C.A.V. et les F.C.P. Dans le même temps elles aussi augmentaient fortement leurs tarifs pour écarter leur clientèle de la gestion directe.

g) Attention à la complexité des produits

 /…/ Même les S.I.C.A.V. court terme, jadis simple, se scindent en trois catégories : sensibles, régulières et monétaires. Comment veut-on que l’épargnant s’y retrouve ? Il lui est difficile de trouver quelqu’un pour le conseiller et il a souvent en face de lui des commerciaux dont le seul souci est de placer des produits « maison ». Un effort de clarification s’impose d’urgence.